Randonnée raquettes autour des fantômes de neige des Monts-Valin
Le Parc national des Monts-Valin situé dans la région du Saguenay Lac-Saint-Jean tire sa renommée de son impressionnante randonnée : celle qu’on surnomme la vallée des fantômes. La neige y est si abondante qu’elle habille les sapins et dessine un décor enchanteur, presque irréel. Une carte postale aux images de Grand Nord. Vous cherchez une…
Le Parc national des Monts-Valin situé dans la région du Saguenay Lac-Saint-Jean tire sa renommée de son impressionnante randonnée : celle qu’on surnomme la vallée des fantômes. La neige y est si abondante qu’elle habille les sapins et dessine un décor enchanteur, presque irréel. Une carte postale aux images de Grand Nord. Vous cherchez une expédition d’hiver à faire au Québec ? Les Monts-Valin sont assurément faits pour vous !
Pour commencer, elle est l’une des plus belles randonnées à faire en hiver au Québec. Trois cents mètres de dénivelé constant, des fourmillements dans mes cuisses, des picotements aux orteils, des sueurs chaudes aussi. Après une heure de marche nous avons atteint le pic Dubuc, le point culminant à 984 mètres du Parc national des Monts-Valin. En haut un décor surprenant nous attend : celui des fantômes de neige et des momies. Récit de cette randonnée pas comme les autres réalisée dans des conditions climatiques extrêmes.
Visiter le parc national des Monts-Valin en hiver
L’une des plus belles randonnées du Québec
Lundi 28 janvier, 11 heures, -30 degrés, récit :
Il est 11h lorsque “le Fantôme Express” nous dépose au départ de la randonnée. Les températures affichent un négatif extrême et le froid me saisit littéralement la chair et les os. J’enfile rapidement ma cagoule pour ne pas perdre mon nez ou sentir les stalactites pousser dans le fond de mes narines. Il fait sacrément froid mais le temps clair, bleu et pur est de notre côté, on ne va pas se plaindre. Je suis excitée comme une puce de faire cette rando, bien qu’elle ne soit pas difficile, je sais que le froid risque d’entacher notre progression. Après moultes réflexions de l’équipement à prendre ou non, il est grand temps d’enfiler ses raquettes et de se lancer à l’assaut des 984 mètres du Pic-Dubuc.
Bien que j’aime marcher, je n’étais pas préparée à randonner dans des conditions aussi extrêmes. J’hésite à sortir mon appareil photo qui pourrait ne pas tenir. Mais je suis tiraillée par cette envie de tout photographier. Chaque pente, chaque virage, chaque sapin. Ce ne sont pourtant pas encore les fameux fantômes de neige mais mon œil s’emballe déjà et je peine à me raisonner quand mes mains sont à l’air libre et glacées. Ces brises semblent m’entailler la peau comme de fines petites lames d’acier. Ben avance pour imposer un rythme de croisière à suivre. Il le faut.
se réchauffer autour d’un poêle au refuge Le Fantôme
À chaque 100 mètres de grimpé, c’est 1.6 degrés qu’on perd. -36 ou -38 qui verrait la différence ? Ma chair, elle, la vit, la ressent, mais la subit aussi. On ne fera plus marche arrière. Cette randonnée d’hiver au Québec j’en rêve depuis des semaines. Atteindre le sommet et déambuler atour de ces fantômes. On reprend nos esprits, nos souffles et on rassasie nos estomacs au refuge de mi-parcours.
L’ascension des Monts-Valin en raquettes
Comme des gardiens, certaines de ces créatures se courbent le long du dernier passage. D’autres semblent céder sous le poids de la neige. C’est enfin la dernière ligne droite. Ces sapins, ces grands hommes, ces humbles sages qui murmurent à qui ose seulement prêter attentivement l’oreille. Il suffit de s’arrêter, d’oublier le froid quelques instants et de se pencher vers eux. L’écho des raquettes rompu, on entend ce silence monacal pour enfin entr’écouter ces craquements qui se mettent timidement à résonner. Le bois rugit alors. Ces fantômes de neige, parlent. J’aime m’imaginer être arrivée dans un autre monde.
On reprend ensuite la route pour arriver au sommet. Finalement. Le vent souffle de toutes ses forces. Les températures affichent alors un extrême -42. On jette un œil à la vue qui en vaut la peine, on se prend en selfie, parce qu’on ne manquerait pas d’immortaliser cet instant, cet exploit, notre petite réussite. Et on se met à marcher dans la poudreuse pour s’éloigner des tracés. On ne sait pas ce qui nous attend par-dessous nos raquettes. C’est l’inconnu et le vide aussi. C’est le silence malgré le bruit du vent. La sérénité malgré la douleur. C’est aussi la beauté sincère dans le plus vierge des habits.
“L’écho des raquettes rompu, on entend ce silence monacal pour enfin entr’écouter ces craquements qui se mettent timidement à résonner. Le bois rugit.”
Je me mets ensuite à prendre en photo ces fantômes et en oublie alors les douleurs. C’est un piège inévitable que je me tends à moi-même. Vous savez, un peu comme l’alcool qui évanouirait nos affres. Je ne sens plus la douleur car je suis passée dans une autre sphère, une autre phase. Mon esprit quant à lui s’est totalement dissocié de mon corps criant et à bout. Je suis là, à imaginer ces fantômes comme des cônes de glace chantilly figés par le temps. Impossible de le lire mais derrière ma cagoule se dessine bien et bien un sourire de gosse comblé.
Presque une heure plus tard, je ne me rends même pas compte du temps que je suis restée ici. Bien qu’une heure soit court, randonner par -42 est en réalité un challenge très long pour notre résistance corporelle. Benjamin me tanne pour faire demi-tour. Il est enfin temps de rentrer. C’est difficile de quitter ces lieux empreints d’une certaine magie. Je préfère rebrousser chemin alors qu’il est encore temps avant que mon corps ne flanche, cède sous le froid pénétrant et que mes derniers beaux souvenirs se dissipent pour ne laisser que de la douleur et des regrets.
Dans la descente, ces blancs bruts ont laissé place à des roses pastels enrobant la vallée de douceur. Difficile de s’imaginer la dureté du temps quand le ciel nous offre alors ses plus belles couleurs d’hiver. Quatre bonnes heures dans le froid, mon appareil ne tient plus et les batteries m’ont définitivement lâchées. Je garde ces images dans un petit coin de ma mémoire visuelle et vous laisse imaginer cette fin de journée extraordinaire au cœur du Parc national des Monts-Valin ! J’espère que ce récit ne vous fera d’ailleurs pas fuir. Mais au contraire, vous donnera à votre tour l’envie de vous surpasser.
Randonner en hiver au Québec
Préparer l’ascension des Monts-Valin :
Informations randonnée Vallée des fantômes
Pour commencer la randonnée, il y a deux départs pour rejoindre des fantômes de neige :
— Le 1er départ se fait depuis le centre de découvertes et de services. Comptez ici 14km de randonnée.
— Quant au 2nd départ qui se fait cette fois depuis le secteur “Baie d’Alexis”, comptez par contre 3km de randonnée. Pour vous y rendre il faudra prendre le Fantôme Express (seulement 3 départs par jour, renseignez-vous des horaires fixes). Réservez à l’avance car peu de places !
— 6,5 kilomètres AR
— D+ 330 m
— Le Pic-Dubuc culmine à 984 mètres
⇒ Parc national du réseau Sépaq, le droit d’entrée est donc de 8,60$
⇒ Plus d’infos aussi sur la région Saguenay-Lac-Saint-Jean
Dormir dans le parc national des Monts-Valin :
Pour une expérience optimale des Monts-Valin mais aussi pour vivre l’hiver au Québec à 100%, je vous recommande de passer la nuit au sein même du parc.
Les chalets EXP sont les chalets design de la Sépaq. Proposé à partir de 127$ / nuit, ils sont tous confo et offre une expérience originale. Le parc a aussi édité son propose jeu de carte “le randonneur”. Un petit coup de cœur pour passer une belle soirée au coin du feu en amoureux ou entre amis.
Bien s’équiper pour le froid extrême :
Randonner au Québec en hiver est magnifique. Mais attention de bien respecter un équipement adapté aux températures extrêmes. Notamment le système des 3 couches : transfert de respiration + isolation thermique et enfin protection
Après différents voyages nordiques (Laponie, Nunavik ou encore Iceland ..), vous trouverez tous mes conseils ci-dessous :
Comment bien s’équiper pour résister au grand froid ?
L’équipement pour un voyage au Nunavik en hiver
⇒ Tu cherches une randonnée d’hiver au Québec ? Pourquoi ne pas se surpasser cet hiver en allant au parc national des Monts-Valin dans la région du Saguenay ? Garde nos conseils sur Pinterest
On entend presque le silence! j’adore!
ça doit faire du bien de se réchauffer après une sortie comme ça ! vous deviez être bien congelés les loulous ! super photos comme d’habitude !
Les photos sont vraiment magnifiques ça me rappelle la Laponie ! Et avec le texte tu arrives bien à nous transmettre le froid alors qu’ici on dirait déjà le printemps :) A très vite Solène
Voilà, je pense, une fois de plus un récit qui tant à confirmer que j’aime les destinations froides voir très givrées… derrière un écran ;-) Les images et le récit donnent envie c’est vrai, mais bien que n’étant pas frileux, le grand froid et moi, on n’est pas les meilleurs potes :-)
Très joli récit qui donne bien envie d’aller au dela de ma peur du froid . Vibrant témoignage.
Les paysages (et les photos) sont vraiment magnifiques!
Quelle fabuleuse poésie qui se dégage de ces photos, c’est époustouflant.
C’est absolument magnifique, ton récit et ces photos donnent envie d’y aller pour voir soit même ce paysage à couper le souffle. Je l’ajoute dans ma to do list sans plus tarder !
Magnifique, merci de partager votre expérience!
Coucou !!! Je voulais juste dire que les paysages sont MAGNIFIQUES ! Une véritable invitation au voyage, et au silence (le blanc comme ça me fait vraiment penser à un endroit hyper calme). A bientôt !!
Comme elles sont belles tes photos ♡ Et ton texte si poignant, j’ai été transportée… Merci pour la découverte, je rêve encore un peu plus du Canada et se ses grands espaces grâce à toi.
C’est la poésie sublime de la découverte, la course par étapes vers un bonheur que l’on sent à la fois proche et lointain. De belles photos…
On ressent le froid, le calme et le silence à travers ces photos, c’est magique ! Bravo pour ce très bel article <3