Itinérance vélo Alpes de Haute Provence : de Barcelonnette à Gréoux les Bains
Pour cette nouvelle aventure, on vous propose de nous suivre sur les grandes itinérances vélo des Alpes de Haute Provence. Au départ de Barcelonnette, nous avons testé un parcours hybride mêlant trois itinéraires cyclables adapté aussi bien aux VTT qu’aux Gravel. Au programme : une micro aventure à 2 roues réalisée en 4 jours en hors-saison et sur 120km à travers les Alpes de Haute Provence. De l’Ubaye sauvage aux plateaux de Valensole. Vous nous suivez ?

Nous savions que nous nous embarquons dans une aventure vélo qui allait en jeter. Et surtout, nous faire suer. On est du genre à ne pas faire les choses à moitié en se frottant à un territoire qui n’allait pas être de tout repos.
4 jours à vélo dans les Alpes de Haute-Provence
Des sommets de l’Ubaye aux plateaux de lavande
Les Alpes de Haute Provence ne sont qu’à quelques stations TER de Marseille et forme un terrain de jeu ultra-accessible. De Barcelonnette à Gréoux-Les-Bains, nous avons vu des paysages d’une extrême diversité, des sommets verticaux à plus de 3000m, les pourtours turquoise du lac de Serre Ponçon, des villages pittoresques aux champs de lavande qui pointeront bientôt leur nez. Si nous aimons l’itinérance pédestre pour changer de rythme et prendre le temps d’introspection, le vélo quant à lui offre un autre type de challenge sportif. On va vite et plus loin mais surtout, on se dépasse. C’est ce que j’ai aimé dans cette aventure dans laquelle j’ai, une fois de plus, repoussé mes limites.
Le vélo n’a jamais autant eu le vent en poupe. Il y a de quoi. Flexible, avec un impact écologique réduit à son minimal, à la fois sportif et contemplatif, le vélo permet de découvrir une région de France (ou d’ailleurs) avec un regard transversal. Alors, au rythme des coups de pédales, des grimpettes et de quelques sueurs, on s’est laissé guider par le balisage du GR69 qui a été la colonne vertébrale de notre itinéraire printanier de 4 jours avec des variations sur l’Alpes-Provence ainsi que la TransVerdon, deux des trois Grandes Traversées VTT des Alpes de Haute-Provence, plutôt exigeantes et qui offrent, elles aussi, leur lot de claque visuelle.
La Routo®, une itinérance dédiée au pastoralisme
Notez bien que le GR®69 La Routo® est un itinéraire pédestre avant tout qui tire sa force de l’équilibre entre tourisme et pastoralisme. Traversant de nombreux secteurs liés à la transhumance (avec la présence de poutous notamment), il est fortement conseillé d’emprunter cet itinéraire en hors-saison. Certaines portions peuvent être difficiles pour les vélos (qu’ils soient à assistances ou non), c’est pour cette raison que nous avons mixé notre itinérance sur la Routo avec des variations de purs sentiers VTT et Gravel.

🔎 Ce qu’il faut retenir de cette aventure à vélo (électrique) dans les Alpes de Haute Provence sur l’itinéraire de la Routo :
- L’extrême diversité de paysages, on passe (presque) en un claquement de doigts, des sommets enneigés aux plateaux de garrigue
- L’itinéraire du GR®69 La Routo est encore méconnu. Ce sentier de grande randonnée pédestre n’a été que développé en 2021. Hormis quelques randonneurs, nous étions seuls au monde.
- Bien que quelques portions peuvent être techniques, avec un VTT électrique, le parcours est entièrement réalisable et ce, même si vous êtes novice en itinérance vélo. Nous l’étions nous-mêmes. Comme nous, n’ayez pas peur de descendre du vélo si vous ne sentez pas quelques passages.
- La multiplicité des sentiers cyclables : route, ludique, chemins forestier, sentier VTT & gravel
JOUR 1 | De Barcelonnette à Méolans-Revel
DISTANCE
13,58KM
DÉNIVELÉ
D+ 225m
TEMPS
1H30
LOGEMENT
Maison d’Hôtes Les Méans
Nous quittons Barcelonnette rapidement car les nuages menaçants sont arrivés en grande pompe. Pour cette première journée d’itinérance vélo dans les Alpes de Haute Provence, nous suivons le balisage de la Routo, le GR®69 qui emprunte la Transubayenne VTT sur la partie Barcelonnette-Le Lauzet. Aux pieds de sommets encore enneigés, la vallée encaissée se faufile le long de l’Ubaye, l’une des rivières les plus sauvages de France. Nous alternons sentier de gravier et chemins forestiers sur la rive gauche. En ligne de mire, le clocher Saint-Julien de Méolans qui s’élance entouré des sommets de la Tête de Louis XVI ou encore de la Grande et la Petite Séolane, des sommets vertigineux pour certains tâtonnant les 3000m.
Le ciel n’est toujours pas en notre faveur mais apporte au paysage une ambiance mystérieuse. L’utilisation de notre super-poncho nous sera nécessaire quelques temps tout de même. On imagine sans grand mal la beauté de l’Ubaye sous un ciel radieux. Nous discernerons finalement, à travers quelques arbres, l’ancien presbytère dans lequel nous passerons la nuit. Datant de 1100 ans, Diane et Frédéric nous accueil dans leur chambre d’hôte atypique. On tombe instantanément sous le charme de cette réhabilitation moderne qui a su préserver le cachet de l’ancien. Nos hôtes sont si adorables que les coups de minuit résonnent déjà. Il est malgré nous temps d’aller se reposer pour une seconde journée qui s’annonce, cette fois, bien plus sportive.







JOUR 2 | De Méolans-Revel à Seyne-les-Alpes sur l’Alpes Provence
DISTANCE
41 KM
DÉNIVELÉ
D+ 844m
TEMPS
2H40
LOGEMENT
L’Inattendu Hôtel au Vernet
Nous récupérons nos vélos électriques qui ont rechargé pendant la nuit. On prend le coup rapidement d’organiser nos sacoches de voyage, d’un côté le pique nique, de l’autre, les essentiels à garder sous la main comme la crème solaire, la gourde et les ponchos. Puis nous quittons (à regret) Fred et Diane pour nous mettre en selle. Nous enjambons une nouvelle fois l’Ubaye pour regagner le hameau de Méolans. Le sentier serpente de hameaux en hameaux toujours avec une vue imprenable sur la rivière.



Même si ce n’était qu’une petite portion, j’ai adoré l’air farouche de la Vallée de l’Ubaye. Ça m’a d’ailleurs donné l’envie de revenir randonner sur le GR 56 et faire le tour de l’Ubaye à pied (pour l’année prochaine ?). Nous empruntons pour commencer la Grande Traversée VTT l’Alpes-Provence sur 9km jusqu’au Lauzet-Ubaye. Nous faisons un rapide détour pour descendre jusqu’au pont romain qui enjambe les gorges. La pente est raide, on est franchement soulagés d’avoir l’assistance électrique pour remontrer, mais ça valait bien le coup. Si vous passez la nuit au village, on vous a déniché un très chouette hébergement insolite : les Crazy Bulles. Ce sont des dômes transparents suspendus aux arbres et sécurisés par un filet pour passer une nuit au plus près de la nature.
Du Lauzet à Saint-Vincent-les-Forts nous serons sur la route pendant 11km. Attention donc sur cette portion où les poids lourds ne respectent pas toujours les limitations de vitesse. Nous passerons d’abord le Pont du ravin de la Tour (arrêt vertigineux tout aussi impressionnant qu’obligatoire) qui fait face aux cascades de Costeplane avant d’enchainer quelques lacets et pentes positives.

Serre-Poncon : la mer à la montagne
Les rives s’élargissent rapidement, le Lac de Serre Ponçon n’est plus bien loin. On le devine à la vallée qui s’ouvre. Au croisement de la Durance et de l’Ubaye, ce lac artificiel Technicolor est l’un des plus beaux paysages de Provence. Créé en 1959, c’est l’une des plus grandes retenues artificielles d’eau en Europe. Il flotte ici un air de Méditerranée mais à la montagne. Une petite mer échancrée de hauts sommets où se pratique de nombreuses activités : kayak, paddle, parapente, planche à voile. Il y a aussi un très beau GR de Pays qui élonge sur 160km le Lac de Serre Poncon. Je ne me lasse pas de ces reflets bleutés qui m’ont rappelé mon road trip dans les Rocheuses Canadiennes. Notre (petit) Lac Peyto français.




Saint-Vincent-les-Forts domine Serre-Ponçon et offre l’une des plus belles vues panoramiques. Surplombé de son fort Joubert, une réalisation Vauban, ce village d’altitude est une pause de choix pour le déjeuner. Notre montre nous rappelle à l’ordre, il est temps de reprendre la route. Après une section VTT en forêt, nous gagnons l’intime station Montclar Les 2 Vallées que nous contournons. Si vous souhaitez passer la nuit ici, consulter les hébergements disponibles. Enfin, après une portion de 26km sur le parcours Gravel N°15, nous atteignons Seyne les Alpes, véritable village citadelle encerclée à 360° de pics découpés.




Cette seconde journée itinérante à vélo dans les Alpes de Haute Provence a été intense. Du dénivelé, de la chaleur, de la technicité et beaucoup de paysages différents. Une impression d’avoir vu défiler plusieurs journées en une seule. On se couche face au massif des Trois-Évêchés. Si ces montagnes sont tristement célèbres (lieu du crash Germanwings de 2015), les pentes découpées dans le ciel cendre orageux sont fascinantes. Et la lumière, une fois de plus, fantastique.
JOUR 3 | Du Vernet à La Javie
DISTANCE
17,35 KM
DÉNIVELÉ
D+ 341m
TEMPS
2H
LOGEMENT
Chambre d’hôtes des Terres Noires à Draix
Sur l’intégralité de cette troisième journée à vélo, nous suivrons le balisage du GR®69 de La Routo. Du Vernet, du Haut-Vernet, puis au col du Labouret et jusqu’au site mythique des Terres Noires aux portes de La Javie. Sur la route nous passons le hameau du Boulard, semi-abandonné, caché dans la nature. Avec Ben et Philippe, nous fouinons les ruines d’une ancienne ferme caché au creux d’une nature exubérante et sauvage. Ce département aspire à l’exploration.





Les Terres Noires de Haute Provence
Dans les environs de Dignes-Les-Bains au sein de l’UNESCO Géoparc Haute Provence, les Terres Noires sont un spot mythique de VTT et vélo des Alpes de Haute Provence (s’y déroule chaque année un enduro). La géologie lumineuse des Terres Noires est surprenante. Très minéral, ne poussent sur ces robines que quelques genêts et plantes rases. Recouvert de schiste et témoin du Jurassique, ces crêtes et pentes graves forment un paysage lunaire de montagne russe unique à voir dans le sud de la France. Et dire qu’ici, il y a des millions d’années, se trouvait une mer chaude. Les parcours sont techniques, mais pas de panique, de nombreuses randonnées permettent de découvrir cette géologique mystérieuse.







JOUR 4 | De Saint-Jurs à Gréoux-Les-Bains
DISTANCE
50,35 KM
DÉNIVELÉ
D+ 609m
TEMPS
3H30
LOGEMENT
Camping du Verdon
Indéniable, la Haute-Provence possède une nature généreuse. C’est aussi des villages provençaux typiques qui, à chaque visite, nous narrent une histoire de douce Provence. Celle des volets colorés et ruelles labyrinthiques. Celle des façades solaires. Surplombé des ruines du château qui daterait du XVIe siècle, le village de Saint-Jurs en est l’illustre exemple. S’étire face à nous le parc naturel du Verdon, notre terrain de jeu pour cette dernière journée de vélo dans les Alpes de Haute Provence.
La première partie est difficile avec des ravins très serrés. Heureusement, nous gagnons rapidement les plateaux passant succinctement par Puimoisson et Riez. Après un rapide détour par la Chapelle Notre dame de Bellevue, nous déjeunerons à la Chapelle Sainte-Maxime qui surplombe Riez. Avec un timing serré, nous décidons de couper l’itinéraire VTT en empruntant les lacets de route pour nous mener jusqu’à Valensole. Ça grimpe fort, heureusement nous sommes à l’ombre des pins parasols.



Valensole, capitale de la lavande
L’arrivée à Valensole est spectaculaire. En descente, nous avons des pointes de vitesse à 50km/heure. Dans les virages, il faut se pencher et faire corps avec son vélo. J’aime ces portions frissonnantes. Si la réputation du plateau de Valensole n’est plus à faire, son village typiquement provençal fut une très belle (quoique rapide) découverte. Une fois n’est pas coutume, on y retrouve tous les ingrédients qui font la magie de Provence. Vieilles églises, remparts, fontaine, lavoirs et maisons traditionnelles.
Au terme de cette dense et sportive journée, nous arrivons à Gréoux-Les-Bains, point final de notre aventure itinérante dans les Alpes de Haute Provence. Nous puisons dans nos dernières ressources pour grimper les tortueuses ruelles de la vieille ville jusqu’au Château des Templiers, point stratégique de la ville.









La floraison de la lavande n’était pas encore à son apogée lors de notre passage sur le Plateau de Valensole. Nous sommes toutefois revenu en juillet pour pédaler le nez en l’air et profiter de ces paysages simplement grandioses. Cette année, la coupe des lavandes s’est faite plus tôt. En cause la sécheresse liée au réchauffement climatique, l’un des gros défis des lavandiculteurs.






L’essentiel pour partir en itinérance vélo
Pour vous aider dans la préparation, ci-dessous retrouvez l’équipement que nous avons embarqué pour notre aventure à vélo dans les Alpes de Haute Provence.
- Un cuissard vélo (Van Rysel de chez Décathlon a bien fait le job)
- Un jersey femme ou homme : Castelli pour moi, Gore pour Ben
- Un K-way ou poncho de pluie
- Des chaussures VTT de la marque Neatt
- Des chaussettes de cyclisme LeBram
- Une paire de gant
- Un casque Smith
- Des lunettes vélo de chez Oakley (nous avions deux paires : les Sutro Lite Sweep et les Encoder)
- Une gourde
- Une trousse de premier secours
- De la crème solaire
- Un GPS pour facilité la navigation avec votre trace GPX importée
- De la lessive pour nettoyer le cuissard le soir
Quelques références pour l’équipement cyclisme / gravel : Alltricks, Café du Cycliste, Gore, Pappermint (Montréal)

Cuissard vélo ou non ?
C’est la question que je me posais avant de partir. Le cuissard est-il un accessoire de style ou une nécessité notamment pour de l’itinérance à assistance électrique ? Honnêtement, c’est un grand OUI. Je n’ai jamais été aussi confortable qu’avec le cuissard. La protection de l’assise de ce dernier s’adapte à votre morphologie. Elle assure plus de confort non négligeable pour les grandes distances et limite les irritations de l’entre-jambe.



Les Alpes de Haute Provence sont un territoire de poésie, de rêverie et d’aventure. On y retrouve la douceur provençale et la brutalité des montagnes. La lumière méditerranéenne et la verticalité des Alpes. Toujours sublimé par une authenticité portée par les habitants, fervents défenseurs de leur patrimoine naturel. Cette itinérance à vélo dans les Alpes de Haute Provence nous a permis de survoler toute l’hétérogénéité de ce département du sud. Un véritable coup de cœur qu’on espère explorer encore et encore.
Beau reportage et belle promotion. pour ce territoire
Bravo.