Le Val d’Hérens : 5 jours de randonnée d’Hérémence à Arolla

🔎 Le Val d’Hérens (on ne prononce pas le « s ») se situe au cœur des Alpes Valaisannes en Suisse. Vex, Héremence, Évolène ou encore Arolla en sont des villes et villages symboliques. Constellée de sommets vertigineux et d’une barrière glaciaire impressionnante, on retrouve au Val d’Hérens le Mont Blanc de Cheilon, la Dent Blanche, la Pigne D’Arolla, l’Aiguille de la Tsa ainsi que le Lac Bleu et le glacier d’Arolla. 

1 —  Le lac bleu d’Arolla. 2 — La Chapelle Saint-Christophe de La Sage. 3 — Le glacier d’Arolla et le Mont Collon

Le Val d’Hérens, vallée préservée du Valais suisse

Si le Val d’Hérens est (relativement) connu pour ses vaches, le tourisme s’y est développé de manière très intelligente. En marge des grands sites touristiques suisse, c’est tout en discrétion que la vallée a préservé son folklore et son bâti composé de « mayen » et chalets typiques valaisans. Discrète, un poil secrète, les paysages bruts du Val d’Hérens nous ont directement tapé dans l’œil.

Portés par les Hérensards, c’est une terre de traditions très vive. Costumes traditionnels, produit du terroir, désalpe et carnaval d’Évolène, le Val d’Hérens se vit plus encore qu’il ne se voit. Immersions avait réunit dans un superbe ouvrage toutes ces aspérités qui réunit à la fois les anciens et les jeunes mais aussi les voyageurs en mal de sincérité et de naturel.

5 jours de randonnée dans le Val d’Hérens

Nous aimons particulièrement la Suisse pour son patrimoine, son architecture et bien sûr pour sa nature magistralement généreuse. Nos séjours à Genève, Berne ou encore dans le canton de Fribourg l’ont plus d’une fois démontré. Cette fois-ci nous voulions absolument nous immerger dans le Val d’Hérens au cœur du Valais, une région réputée pour ses sommets démesurés et son authenticité adulée.

C’est donc notre amie Patricia —véritable ambassadrice de la région— qui nous a dessiné cet itinéraire randonnée de 5 jours dans le Val d’Hérens. Nos seules demandes étaient : de l’alpin, une boucle itinérante et l’envie de dormir dans certaines des plus belles cabanes du Valais. Quelques jours plus tard, elle nous proposait un trek exigeant au départ de Thyon afin de découvrir les plus beaux paysages du Val d’Hérens. Parmi lesquels le lac bleu d’Arolla et le Lac des Dix. Elle connait la région comme sa poche et met toutes ses connaissances au service de la conciergerie de destination qu’elle a créée : Youpitrip.

5 étapes — 79 km

→  Étape 1 : de Thyon à la cabane de Prafleuri
→  Étape 2 : de Prafleuri à la cabane des Aiguilles Rouges
→  Étape 3 : des Aiguilles Rouges à La Sage
→  Étape 4 : de La Sage à la cabane Becs de Bosson
→  Étape 5 : Becs de Bosson à Euseigne

Jour 1 de Thyon à la cabane de Prafleuri

Nous débutons notre trek au Val d’Hérens en haut du télésiège de Thyon 2000. Comme des funambules nous longeons la crête panoramique de Thyon jusqu’au Mont Rouge (2491m). Ce dernier surplombe les gouilles d’Essertze, un chapelet de lacs alpins où il n’est pas rare de voir paître les vaches d’Hérens. À nos pieds se devine la vallée d’Hérémence dominée par la Dent Blanche et dans notre dos, la vallée de Nendaz et les Alpes bernoises.

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Le barrage de la Grande Dixence

Le sentier tout en balcon continu tranquillement jusqu’à Orchèra (2159m). Face à nous, un mur aux allures indestructibles qui au fil de notre progression ne fait qu’accroître. Le barrage de la Grande Dixence a été mis en service en 1961 et retient les eaux laiteuses de la Dixence. Du haut de ses 285 mètres, cela fait de lui le plus haut barrage poids au monde. 

Nous laissons le barrage dans notre dos pour gagner la combe de Prafleuri. Le sentier de randonnée suit le cours du torrent de Chenna. Au loin se hisse déjà la cabane de Prafleuri mais quelques efforts sont encore nécessaires pour l’atteindre. 

La cabane de Prafleuri se situe à 2662 mètres d’altitude. En hiver, c’est un passage incontournable de la Haute-Route qui relie Chamonix à Zermatt. En été, c’est le point de départ idéal pour randonner autour du Lac des Dix. La cabane est gardiennée en haute saison et dispose de dortoirs et chambres de 4 (59 places au total). Quel bonheur de retrouver cette ambiance rustre et à la fois conviviale propre à la montagne. Autour d’une bière locale et d’un repas copieux, nous observons les bouquetins qui, à la tombée de la nuit, se rapprochent curieusement de la cabane.

🔎 Sachez-le, dans les cabanes gardiennées de Suisse le repas est pris entre 18h30 et 19h30 (voir 18h pour certaines).

Tarif Cabane de Prafleuri
Demi-pension 80 CHF
Nuit uniquement 32 CHF
Réservation en ligne obligatoire

Jour 2 de Prafleuri à la cabine des Aiguilles Rouges

De Prafleuri au lac des Dix

Sur les coups de 8 heures tout le monde a quitté la cabane de Prafleuri. Une pente raide nous mène d’abord jusqu’au col des Roux (2803m). De quoi activer le cardio pour cette nouvelle journée de randonnée dans le val d’Hérens. La vue du col est incroyable. Le lac aux tons vert glacier est couronné de sommets enneigés dont le glacier de Cheilon.

À 2400m d’latitude, nous longeons sur plusieurs kilomètres cette impressionnante retenue d’eau que forme le Lac des Dix. Nous passons devant le glacier de l’En Darrey avant de prendre, une fois n’est pas coutume, un peu plus de hauteur. La progression se veut alpine et exigeante avec une montée verticale à travers les moraines. Une passerelle solide nous fait enjamber un torrent d’eaux glacières. Nous arrivons ensuite au pied du glacier de Cheilon. Sa langue de glace de 3 mètres atteste tristement le réchauffement climatique. Elle n’étincelle probablement plus autant qu’à l’heure des belles prouesses d’alpinisme bien que le site naturel reste d’une puissance olympienne. Et puis, au loin, le toit vert signale la présence de la cabane des Dix (2928m), une autre cabane emblématique du Valais. 

Pour rejoindre la vallée d’Arolla il y a 2 options. Le col de Riedmatten, raide et glissant. Ou le Pas de Chèvres, sentier aérien qui nécessite d’emprunter plusieurs échelles (c’est l’option que nous choisirons). Nous quittons le Val des Dix pour gagner Arolla. On ne vient pas « par hasard » dans ce village alpin du bout du monde. Coincé par le glacier du même nom, la route ici s’arrête nette. 

D’Arolla à la cabane des Aiguilles Rouges

Notre progression, toujours en balcon nous mène jusqu’à la remointse de Pra Gra, un hameau d’alpage perché à 2497 mètres. Le bâti est typique dont chaque façade fait face à la couronne alpine. Quelle vue. Puis nous arrivons, après quelques passages qui filtrent avec le vide, à la cabane des Aiguilles Rouges. Cette dernière trône à 2810 m d’altitude et se situe au pied du chaînon des Aiguilles Rouges d’Arolla. Maurice Maître fut le premier gardien de la cabane en 1949. De nos jours, elle est gardiennée par son fils Bernard (dit « Boum ») et son épouse qui perpétue une belle histoire générationnelle.

Après sa récente rénovation, la cabane a gardé son caractère rustique et peut accueillir 70 alpinistes et randonneurs. Mais ce soir, c’est seul que nous profiterons du large dortoir dans un calme monastique face aux 3000 du Val d’Hérens.

Tarif Cabane des Aiguilles Rouges
Demi-pension 70 CHF
Nuit uniquement 30 CHF
Réservation sur cabane@aiguillesrouges.ch

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Jour 3 des Aiguilles Rouges à La Sage

Au petit matin la vue est dégagée. Avec nos tartines de confiture, nous observons le cordon montagnard se dévoiler. De la Pigne d’Arolla (au plus à droite) jusqu’à la Dent Blanche et le grand Cornier. Nous pourrions rester à la cabane des Aiguilles Rouges des heures et des jours. Mais nous devons reprendre le chemin en direction d’un des sites naturels les plus photographiés du Val d’Hérens : le lac bleu d’Arolla. 

Randonnée au Lac Bleu d’Arolla

Le lac bleu d’Arolla est un petit lac alpin situé à 2090m d’altitude. Ses eaux turquoises et limpides affolent la toile depuis quelques années (dû à son accessibilité assez rapide depuis le hameau de la Gouille). Il faut bien reconnaître que le site est exceptionnel. Le lac bleu d’Arolla forme un miroir naturel où viennent se refléter les sommets valaisants et la forêt de mélèzes qui l’enserre. À l’automne particulièrement, les couleurs sont flamboyantes. 

Au fur et à mesure de notre descente vers la vallée d’Évolène, les mayens viennent dessiner le paysage. Ces petits refuges d’alpage sont typiques dans le Valais Suisse. Construit en mélèze ou en pierre, les mayens servaient d’habitat secondaire lors de la transhumance. Abandonnés, maison de vacances ou reconverti en hébergement atypique (comme le propose Anako Lodge), les mayens du Val d’Hérens font partie intégrante du patrimoine local. 

Nous retrouvons Patricia au Petit-Café sur la place des Haudères. Le temps se couvre, elle décide de nous épargner les derniers kilomètres de marche et nous amène directement à La Sage. C’est l’une de ses offres totalement sur-mesure qu’elle propose également sur son site YoupiTrip. 

La Sage et son bâti typique valaisan

La Sage (1 667m) est l’un des plus beaux villages de Suisse et assurément une étape pépite à voir au Val d’Hérens. Chaque ruelle aussi exiguë soit-elle, offre une vue incroyable sur la vallée d’Évolène. La bâti vernaculaire est ici une nouvelle fois divinement bien conservé et truffé d’authenticité. On reconnait toute la spécificité valaisanne avec ses grandes maisons pouvant atteindre 5 ou 6 étages ainsi que les raccards. Ces derniers sont d’anciens greniers de bois surélevés par des disques de pierre qui servaient autrefois à entreposer le seigle. 

Règne à La Sage un doux parfum de sérénité qui confère au Val d’Hérens tout son charme si particulier. Nul autre qu’Orelsan serait venu puiser l’inspiration pour écrire son album Civilisations (mais chut, c’est un secret). 

Après une visite de la bibliothèque des Collines (plus petite des bibliothèques Suisse) qui surplombe la Chapelle de Saint-Christophe, nous filons poser nos sacs de rando à notre gîte L’Écureuil. L’intérieur est un vrai labyrinthe où le parquet encore craquant nous renvoie à la vie d’antan. La journée ne pouvait mieux terminer qu’au restaurant du Col de Torrent attablé autour d’une croûte de fromage. Ce plat, réconfortant autant qu’il est calorique, est typique des régions montagnardes. Et plus que bienvenue en prévision de notre quatrième journée de randonnée qui s’annonce sportive. 

Jour 4 de La Sage aux Becs de Bosson

J’aurai voulu vous raconter les moindres détails de cette nouvelle journée de marche mais le temps, capricieux, en décida autrement. C’est donc tête baissée face à un vent fugace que nous avancerons progressivement pour avaler les 1700 de dénivelé positif annoncé. Après un bref arrêt sur le socle des mayens traditionnels de Volovron nous continuons vers L’A Vieille (2400m) en passant par un sentier très forestier. S’y trouve une buvette d’alpage et une chapelle pour le moins atypique. 

C’est sous des conditions climatiques toujours extrêmes, que nous rencontrons un autre type de sentier. Très friable, presque sableux, limite volcanique. La pente est raide jusqu’au Pas de Lona. Le manque de visibilité nous prive de la vue —superbe, dit-on— sur le chapelet de réservoirs d’eau qui se déploient autour du Lac de Lona (2640m).

L’arrivée à la cabane Becs de Bosson (2985m) est une délivrance. Pour l’occasion, le poêle est allumé et les randonneurs réunit dans la salle commune. Les vêtements techniques sont suspendus, les chaussures elles, sont militairement parquées devant le feu. L’ambiance tamisée est tout aussi chaleureuse. L’équipe des gardiens contribue pour beaucoup à cette atmosphère amicale et bon enfant. On s’auto félicite d’être arrivé au bout de cette randonnée coriace. La cabane des Becs peut accueillir jusqu’à 62 personnes. Son emplacement stratégique face à la couronne impériale et ses mythiques 4000 en font d’ailleurs une cabane prisée en hiver pour les amateurs de ski de randonnée. 

Tarif Cabane Becs de Bosson
Demi-pension 75 CHF
Nuit uniquement 30 CHF
Réservation sur www.cabanedesbecs.ch/fr

Jour 5 Becs de Bosson à Euseigne

Tout le monde s’est passé le mot au lever du soleil. Tous sans exception avons bravé le froid —certains même avec leur duvet— pour contempler les Alpes Suisse se réveiller. Nous nous réconforterons de ce spectacle béni car, il a suffit du déjeuner, pour que les nuages viennent à nouveau jouer avec nos nerfs. Nous qui voulions grimper jusqu’au sommet Becs de Bosson et valider un nouveau 3000 : c’est raté ! 

Dans une brume compacte nous entamons alors notre descente. C’est étrange mais, souvent lors de nos derniers jours de trek, nous ne sommes pas épargnés par les caprices météorologiques. Il en était ainsi lors de notre traversée de l’ile de La Réunion à pied ou encore sur le Tour du Mont Blanc. Nous voulions un trek exigeant au Val d’Hérens, je crois que nous ne pouvions être mieux servi.

Pas à pas, nous franchirons le col de Louché et son lac. On y observe régulièrement des chamois qui viennent ici s’abreuver et se reposer sur ce plateau d’altitude. Puis nous traverserons la couche nuageuse pour gagner Lovegno et Suen jusqu’à enjamber la rivière La Borgne qui marque la fin de notre grande randonnée au Val d’Hérens. 

Je rêvais de grimper jusqu’à la mythique cabane Bertol. Ce séjour dans le Val D’Hérens était une trop belle occasion que je ne pouvais laisser filer d’autant que la fenêtre météo des prochains jours s’annonçait parfaite. Nous reprenons donc notre voiture pour rejoindre le Grand Hotel & Kurhaus à Arolla. Niché au pied du glacier, ce sera notre base de repos pour la prochaine aventure sportive.

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Visiter le Val d’Hérens en pratique 

→ Le Val d’Hérens se visite à toutes les saisons et à toutes les sauces. En road trip, en randonnée, en séjour sport d’hiver ou pour un week-end ressourçant dans un mayen. Xavier et Caroline l’ont expérimenté en hiver et raconte leur séjour ski au Val d’Hérens.

→ Le dépaysement se mérite et pour rejoindre le Val d’Hérens la voiture reste préconisée. Comptez 1h30 de route depuis Chamonix ou Lausanne. 

→ Pour randonner plusieurs jours, pas d’inquiétude, Patricia propose également l’accompagnement logistique avec navette . Plus d’informations de l’intégralité des services proposés sur www.youpitrip.ch/. Vous pouvez lui dire que vous venez de notre part.

→ Parmi les sites intéressants à voir au Val d’Hérens :

• Le Lac Bleu d’Arolla
• Les pyramides d’Euseigne : des formations géologiques atypiques classées “sites naturels d’importance nationale”
• L’église d’Hérémence et son architecture ultra-moderne 
• Les grands Bains d’Hérémence pour un séjour bien-être
• Barrage de la Grande Dixence
• Lac des Dix
• Le carnaval d’Évolène

→ Dormir au Val d’Hérens :

• Au Ruchet, chambre d’hôte à Vex
• Le Gite L’Écureuil à La Sage
• Grand Hôtel & Kurhaus, Arolla

→ Retrouvez la liste complète des cabanes gardiennées du canton du Valais

→ Préparer votre séjour dans le Val d’Hérens sur www.valdherens.ch/