GR 22® : L’Orne en randonnée d’Alençon à Domfront
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DEPARTAlençon
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DURÉE4 jours
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DISTANCE84,03 km
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DÉNIVELÉ+D+ 1058m
Partez randonner sur le GR 22® au cœur du bocage ornais au départ d’Alençon, l’ancienne cité ducale pour terminer à Domfront. Département aux milles nuances de vert, randonner dans l’Orne c’est la promesse d’une échappée tout aussi champêtre que ressourçante. Vous retrouverez ici les sites d’intérêt à voir sur les étapes du GR 22® dans l’Orne ainsi que nos conseils et bonnes adresses.
On ne le dira jamais assez : on aime cette Normandie plurielle. C’est qu’en effet, chaque aventure dans cette région est une manière de nourrir notre appétit insatiable de découverte. À la suite de notre séjour à Cabourg , nous sommes partis en direction de l’Orne. Un département assez mal connu, si ce n’est pas pour sa région naturelle et historique du Perche ainsi que celle de la Suisse Normande. C’est donc sur une page entièrement blanche, au rythme lent de la marche, que nous avons tenté d’esquisser un portrait de l’Orne.
Même si nous avons l’habitude de parcourir les sentiers de grande randonnée dans leur intégralité, cette fois-ci, changement de format. Nous vous proposons plutôt une micro aventure à pied, accessible et que vous pourrez réaliser facilement en 4 jours seulement.
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Tout savoir sur le GR 22 ® dans l’Orne en Normandie
🔎 Où commence le GR 22 ? Officiellement, le GR 22 est un sentier de grande randonnée de 600km qui démarre à Paris et se termine au Mont-Saint-Michel. Il traverse 6 départements et peut se réaliser pour les plus sportifs dans son intégralité en 25 jours (dans ce cas, comptez une moyenne de 25km de marche quotidienne). Toutefois, l’avantage de ce type de grande randonnée en France c’est de pouvoir la découper en plusieurs étapes. Comme ce fut notre cas lorsque nous nous sommes concentrés sur la partie ornaise. D’autre part, cette fois en version deux roues, le même parcours adapté aux cyclistes se fait sur l’itinéraire de la Véloscénie.
🚊 Venir dans l’Orne : Alençon se rejoint en train depuis Paris avec une correspondance. Quant à Domfront, il n’y a pas de gare malheureusement. Il faudra donc organiser un transfert jusqu’à Flers, la gare la plus proche. Flers <> Paris se fait par contre bien en train direct.
💪🏻 Quelle est la difficulté du GR 22 dans l’Orne ? Il y a un peu de dénivelé sur certaines étapes, notamment lorsque vous traversez les massifs forestiers d’Écouves et d’Andaine. Toutefois, le GR 22 reste accessible même si vous n’avez pas l’habitude de l’itinérance.
🌤 Quelle est la meilleure saison pour randonner dans l’Orne ? D’une façon générale, l’été reste la saison la plus agréable. En automne, certes les températures sont plus basses et les pluies plus fréquentes, mais les teintes orangées embellissent les massifs forestiers. C’est la période également où s’écoute le brame du cerf, bon argument pour randonner en hors-saison.
🥾 Quid de l’équipement ? Bien que le GR 22 soit relativement facile, un équipement adapté à la randonnée est toujours recommandé. De bonnes chaussures de marche restent donc indispensables (je vous invite à regarder sur le site d’Hardloop pour trouver la paire idéale).
4 jours de randonnée dans l’Orne
Jour 1 du GR 22 : d’Alençon à Écouves
DISTANCE
9,18 KM
TEMPS
2H08
DÉNIVELÉ
D+ 90m
LOGEMENT
CAMPING D’ÉCOUVES
Alençon, porte d’entrée de l’Orne
Pour commencer, notre aventure démarre à Alençon, ancienne cité des Ducs et fief natal de Thérèse de Lisieux. Les amoureux de vieilles pierre, comme nous, seront comblés du centre-ville et du quartier Saint-Léonard, cœur battant de l’époque féodale.
Parmi le patrimoine religieux architectural intéressant à voir à Alençon il est indéniable que la Basilique Notre-Dame en est le plus beau chef d’œuvre. Cette ancienne église paroissiale trône fièrement sur la place de la Magdeleine. D’inspiration gothique, sa construction commencée d’une part sous Charles III au XIVe siècle sera en fin de compte achevée au XIXe siècle. Notre-Dame verra s’unir entre autres Louis et Zélie Martin, les parents de Thérèse, future sainte et figure importante des temps modernes, elle-même baptisée ici. Inscrite aux Monuments Historiques, l’ancienne église sera finalement élevée au rang de Basilique en 2009 par Benoît XVI. Enfin, pour l’anecdote, face au portail gothique en levant les yeux vous observerez Saint-Jean nous tourner le dos. Plutôt atypique.
La maison d’Ozé qui date du XVe vaut le coup d’œil et plus loin, la maison natale de Thérèse de Lisieux se visite également. À la recherche de maisons à pan de bois, nos pas nous mènent successivement vers la Halle au blé, verrière circulaire construite au début XIXe puis à l’église des Jésuites dans laquelle se tient une incroyable bibliothèque en bois. Mais c’est le Château des Ducs d’Alençon qui appâte tous les regards. Imposant, malgré cette seule et infime partie qui persiste. Difficile de croire que cet ancien symbole du duché fut par la suite remanié en prison et ce, jusqu’en 2010.
Alençon ou l’histoire d’une dentelle
C’est sous Colbert que la dentelle française, et notamment celle d’Alençon, va se développer. Dans le but de favoriser une économie local et de réduire les importations massives de la dentelle star de l’époque : le point de Venise. Secret jalousement gardé pendant près de quatre siècles, ce sont les sœurs de la Providence d’Alençon qui irriteront de ce legs patrimonial qui perdure de nos jours à travers l’école dentellière d’Alençon. D’ailleurs, ce savoir-faire unique de finesse, réelle fierté ornaise, est inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco depuis 2010. Son histoire, sa technicité, sa précision ainsi que ses étapes de fabrication sont présentées au Musée des Beaux Arts et de la Dentelle (tarif : 4€/adulte).
À moins que vous ne connaissiez déjà la ville, on vous conseille d’arriver un jour plutôt pour visiter Alençon qui fut, pour nous, une belle surprise pour débuter ce GR 22. Mais le chemin nous appelle déjà. Et malgré une petite étape, il faut, à contre-cœur, quitter la ville pour se diriger vers Écouves. Car, ce soir, nous dormirons à l’orée de la forêt dans un cadre des plus paisibles. Au loin, en ombre chinoise, nous distinguerons même le Mont des Avaloirs point culminant de la Mayenne.
🛏 Où dormir à Alençon ? À l’hôtel des Ducs
🍴 Où manger ? Chez Fano ou le restaurant La Suite
🔎 Suggestion : Saint-Ceneri-le-Gerei, “plus beau village de France” est situé à tout juste 15km d’Alençon
🚴♀️ Deux grands itinéraires à vélo passent par Alençon : la Véloscénie (Paris <> Mont-Saint-Michel) et la Vélobuissonnière® (Alençon <> Saumur).
Jour 2 du GR 22 : d’Écouves à Carrouges
Réveillés par les lueurs perçantes d’un soleil d’été, nous filons petit-déjeuner avant de retrouver ensuite le GR 22. La forêt d’Écouves est l’un des sites naturels de l’Orne les plus importants. Elle abrite le signal d’Écouves, point culminant de la Basse-Normandie à 413 mètres. Reliefs accidentés et flore abondante, c’est un vrai régal que de randonner dans ces sous-bois et à juste titre.
À mesure que nous avançons et à plusieurs reprises, nous croiserons d’étranges bornes de granit. Installées dès le XVIIIe siècle, ces totems directionnels sont typiques de l’Orne et servaient autrefois à guider les voyageurs dans ces forêts aux allures impénétrables. Au terme d’une bonne journée de randonnée sur le GR 22, nous arrivons enfin à Carrouges, site d’intérêt majeur du département.
Carrouges et son château
Situé à la frontière du Maine, la première forteresse de Carrouges fut érigée sur l’actuel bourg. Notre regard est saisi par ce châtelet flamboyant par lequel nous ferons notre entrée. C’est ici, à la sortie du village que le château tel qu’on le connait s’est finalement développé sur deux siècles. Il s’articulera d’abord autour d’un donjon du XIVe siècle édifié par Jean de Carrouges et couronné d’un mâchicoulis. Avant de voir se développer par la suite différentes ailes. Bijou architectural, c’est l’un des monuments incontournables à voir dans l’Orne. Son jardin à la française aussi mérite la visite. De grandes personnalités y séjourneront, parmi lesquelles, Louis XI en pèlerinage vers le Mont-Saint-Michel ainsi que Charles IX et sa mère Catherine de Médicis.
Si le tracé du GR 22 ne passe pas par le Château de Carrouges (c’est d’ailleurs une vraie interrogation quant au choix de la Fédération de Randonnée), je vous conseille vivement de faire ce petit crochet et d’y consacrer une matinée complète de visite. Enfin, une adaptation du duel judiciaire entre Jean de Carrouges et Jacques le Gris a été porté aux écrans par le réalisateur Ridley Scott dans le film « le Dernier Duel » avec Matt Damon. En visitant le Château de Carrouges, vous pourrez monter en haut du donjon, ici même où Jean alimenta cette fougueuse rengaine.
🍴 Suggestions pour manger à Carrouges : Boulangerie Maison M&J, le restaurant le Margouillat ou encore le café l’Alchimy
🔎 Bon à savoir : située à 330 mètres, Carrouges est la ville la plus haute de l’Orne
Jour 3 du GR 22 : de Carrouges à Bagnoles de l’Orne
Nouvelle journée de marche sur le GR 22. Nous quittons Carrouges pour nous engager dans le bocage ornais. Intensément vert et valloné. Nous croiserons que très peu de gens. Parfait pour un séjour en totale déconnexion. Quoique, nous ferons un petit bout de chemin autour de l’étang du petit jardin avec trois dames. Elles nous racontent avoir déjà fait une portion du GR 22 l’année dernière et ont cette fois décidé de boucler cet itinéraire pédestre en intégralité. De vraies forces de la nature qui prouvent (s’il fallait le rappeler encore une fois) que la randonnée est accessible, qu’importe l’âge.
Nous passerons également près des roches d’Orgères, étonnants blocs de grès armoricain surmontés d’un calvaire avant d’atteindre le massif forestier d’Andaine. Une pluie battante nous pousse ensuite à nous abriter sur les parterres de La Chapelle Saint-Antoine. Sa fondation romane serait estimée au VIe siècle mais détruite à la Révolution, elle sera reconstruite en 1875. Se mêle ici une étrange atmosphère spirituelle et à la fois mystérieuse.
Nous en profitons pour bifurquer légèrement du GR 22 et ainsi descendre jusqu’aux Gorges de Villiers. Creusées par la Gourbe, les coteaux de grès armoricain ont façonné ce site naturel où les légendes vont bon train. Parmi les plus populaires, celle de la fée Gisèle qui aurait, dit-on, élu domicile ici.
Thermalisme et villas Belle-Époque à Bagnoles de l’Orne
Bagnoles-de-l’Orne est une station thermale labellisée « Green Destinations ». Elle est lovée entre les deux massifs que sont la forêt d’Andaine et la forêt de la Ferté-Macé. Si ses eaux sont certainement fréquentés depuis l’Antiquité, c’est avec l’arrivée du chemin de fer que la ville va se développer rapidement. Créée officiellement au début du XXe siècle, la commune de Bagnoles deviendra très vite l’un des centres de thermalisme les plus importants dans l’ouest. Les curistes et grandes familles feront ainsi construite leur maison sous le style “Belle-Époque” et sous l’initiative d’Albert Christophle, l’homme à l’origine de ce quartier. Plus couramment observées sur la Côte Fleurie ou bien sur la Côte d’Opale, ces demeures, pour certaines extravagantes, apportent un charme tout particulier et étonnant à voir dans l’Orne.
Que faire à Bagnoles de l’Orne ?
- Le casino de Bagnoles. Si vous n’aimez pas les jeux d’argent, son style Art déco vaut tout de même le détour
- L’Église du Sacré-Cœur en béton armé (vraiment, rentrez-y) et ses escaliers colorés, œuvre du collectif Nantais 100 Pression
- Atypique : la maison Suédoise
- Le B’O Spa Thermal, parenthèse bien-être bienvenue pendant votre randonnée sur le GR
- Le belvédère du Roc au Chien qui offre un superbe panorama sur Bagnoles ainsi que sur une œuvre de street art grandeur nature
🍴 Suggestions pour manger à Bagnoles : le restaurant de l’hôtel O Gayot, le restaurant la Belle Époque ou Le Manoir du Lys (table gastronomique). Un hôtel du groupe The Originals Hotels.
Jour 4 du GR 22 : de Bagnoles de l’Orne à Domfront
DISTANCE
20,36 KM
TEMPS
3H57
DÉNIVELÉ
D+ 193m
Légende en forêt d’Andaine
La forêt d’Andaine se situe au cœur du parc naturel régional et Géoparc Normandie-Maine. Traversée par trois rivières —la Vie, la Maure puis la Gourbe— la forêt se tapisse de sylvestres, chênes, hêtres et autres bouleaux. Enveloppées par une végétation dense, presque mystérieuse, certaines légendes ont trouvé naissance ici. La forêt aurait à ce sujet inspiré les récits d’un célèbre Arthur. Véritable « Brocéliande normand », en suivant le GR 22, nous passons devant le dolmen du Lit de la Gionne. Le folklore raconte ainsi que le seigneur de Bonvouloir, le soir de ses noces, aurait été ensorcelé par Gionne, diabolique fée. Retrouvé inanimé sous le dolmen, une pancarte nous conseille de ne pas trop trainer ici. Car, la nuit venue, nous pourrions aussi être attiré dans un sabbat. Alors, prenant ce conseil au pied de la lettre, nous ne traînons pas.
Domfront d’hier à aujourd’hui
En suivant la ligne de faîte, ancienne voie gallo-romaine, nous arrivons à Domfront, charmante cité médiévale, où nous rejoindrons Anne-Laure de l’Office du tourisme pour une visite guidée.
En premier lieu, le château originel de Domfront fut construit en 1010 par Guillaume de Bellême. Plus tard, en 1092, Henri Beauclerc érige un château fort en pierre qui deviendra une place de défense considérable pour le Duché de Normandie. Il n’y a qu’à voir la situation géographique de Domfront, sur son éperon rocheux, pour comprendre son importance stratégique. Cette ancienne forteresse sera finalement démantelée sous Henri IV. Toujours visibles, les ruines se visitent en liberté ou bien en visite guidée (demandez à l’office). Sa topographie à l’aspect protectrice est aussi très intéressante. En témoigne de nos jours ce cordon d’habitation qui forme les remparts de Domfront. Son caractère médiévale et la beauté de ses ruelles lui ont d’ailleurs valu l’obtention du label « Petite Cité de Caractère ».
Incontournable, poussez les portes de l’église Saint-Julien achevée en 1926 par l’architecte Albert Guilbert. Construite en béton armé, elle est classée Monument historique depuis 1993. Son intérieur, quant à lui très surprenant, est de style néo-byzantin.
Anciennement à la croisée de l’Anjou, du Maine et de la Normandie, Domfront se situe toujours au cœur d’un carrefour, cette fois-ci plus contemporain (et nettement moins politique). En effet, elle se voit traverser par deux grands itinéraires vélo. D’une part par la Vélo Francette (Ouistreham <> La Rochelle) et de l’autre, par la Véloscénie (Paris <> Mont-Saint-Michel).
Se termine ici notre randonnée de 4 jours dans l’Orne. De toute évidence, la force du GR 22, et ce que nous avons particulièrement apprécié, c’est ce mélange entre nature et culture. La journée nous marchions dans des espaces naturels, préservés et peu touristiques. Puis, en après-midi, nous arrivions dans des villes d’intérêts historiques au patrimoine culturel très riche. Un bel équilibre dans l’ensemble qui offre un visage bien représentatif de ce que l’Orne a à nous offrir.
🔎 Plutôt attiré par le littoral ? Retrouvez nos aventures (toujours à pied) sur le tour de la Manche (le GR 223 que nous avons parcouru en 14 jours) et les étapes du GR 21 appelé aussi “sentier des Falaises” que nous avons réalisé en 9 jours.